Les élections législatives se sont déroulées dans le calme le 8 janvier, et les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale autonome ont été confirmés par la Cour constitutionnelle. Ils donnent une majorité confortable aux deux partis qui soutiennent l’action du président Patrice Talon avec 81 sièges sur 109, contre 28 sièges pour le parti d’opposition Les Démocrates. Ces résultats sont contestés par ce dernier.
Le processus électoral n’étant pas arrivé à son terme, il faut rester encore quelque peu prudent. Les résultats qui seront vraiment définitifs, sont du ressort de la Cour constitutionnelle après l’examen des recours qui sont annoncés. Mais on peut saluer le retour à des élections inclusives et pacifiques, qui ont permis aux citoyens béninois de faire leurs choix entre le soutien à l’action du président Talon, la volonté d’affirmer une désapprobation de sa politique ou la volonté d’introduire une dose d’opposition pour sortir de l’incongruité qui consistait à avoir une Assemblée nationale à 100% acquise au pouvoir exécutif.
Il ne faut pas oublier que les institutions politiques en démocratie, et au premier rang desquels, le parlement, permettent de pacifier des sociétés qui sont par définition composées de personnes et de groupes ayant des opinions diverses. Même dans les contextes où les députés de l’opposition sont très minoritaires, le simple fait qu’ils soient présents et puissent s’exprimer est un facteur de paix.
Les élections législatives de 2019 n’avaient fait du bien ni à la cohésion nationale ni à l’image internationale du pays avec des violences, des morts, un déploiement militaire massif dans les rues et des dizaines d’arrestations.
Vous saluez aussi l’entrée probable de 28 femmes à l’assemblée, soit 25% des députés, un record au Bénin.
Oui, ce bond dans la représentation des femmes au parlement est tout à fait historique. La nouvelle loi électorale a prévu un siège de député réservé à une femme dans chaque circonscription électorale, garantissant ainsi l’élection de 24 femmes au minimum. Avec quatre de plus que ce quota, on aura donc un quart de femmes au parlement. On est loin des 44% de femmes au parlement sénégalais, résultat de la loi sur la parité adoptée dans ce pays, mais c’est un premier pas important au Bénin qui va dans le sens d’une représentation plus décente de la structure démographique du pays. Cela produira, tôt ou tard, des effets significatifs sur les priorités de politiques publiques et il faut l’espérer, sur les pratiques politiques.
Wathi avait organisé une table ronde en amont de ce scrutin législatif pendant laquelle vos invités avaient salué la détente de l’environnement politique tout en relevant les limites et les insuffisances de la palette de réformes institutionnelles et politiques des dernières années.
Oui, avec notre partenaire, le programme de dialogue politique régional de la fondation Konrad Adenauer, nous avions convié à cette discussion le juriste Steve Kpoton, la spécialiste de l’inclusion sociale et des droits humains Miguèle Houéto, le journaliste Josué Mêhouénou et Maryse Glèlè, Coordonnatrice nationale de WANEP au Bénin, un réseau dédié à la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest.
Avec des nuances plus ou moins marquées, ils avaient émis des réserves sur la neutralité de l’administration qui joue un rôle clé dans la procédure de validation des candidatures aux élections au terme des nouvelles dispositions électorales. Il me semble raisonnable de penser qu’une bonne réforme doit aussi prévoir les conditions de sa mise en œuvre impartiale, surtout lorsqu’il s’agit de réformes électorales aux implications politiques lourdes. C’est une des questions importantes qui devrait être au menu de la nouvelle Assemblée nationale qui aura un mandat réduit de trois ans, avant les élections législatives et présidentielle de 2026. C’est dès maintenant qu’il faut se poser les questions dont les réponses seront déterminantes pour les perspectives de paix, de sécurité et de progrès économique au Bénin après la fin du deuxième et dernier mandat du président actuel.
Sur la chaîne YouTube de Wathi : la table ronde virtuelle « Élections législatives de janvier 2023 et perspectives politiques au Bénin »